Mine de Tressange
Quarante cinq ans de vie pour cette mine et trois changements de patronyme, Societé Minière Ferdinand (SMF), Mine Ferdinand, et Mine des Terres Rouges ; encore faudrait il y ajouter celui non officiel mais fortusité dans le langage populaire de "Mine de Tressange".
Dernière grande mine de fer à puits de Lorraine, elle était équipée d'un puits à skip ultra moderne. Caractéristique fondamentale et nouvelle en France, elle etait entièrement "trackless", c'est à dire sans voie ferrée au fond. Le minerai chargé par des chargeuses transporteuses était amené au puits par système de bandes transporteuses (convoyeurs). Le minerai passait dans un concasseur primaire au fond, puis etait remonté au jour et expedié jusqu'en 1972 aux unités sidérugiques.
A l'origine la "Societé Minière FERDINAND" filiale commune des groupes ARBED et de DE WENDEL, était une société anonyme créée par décision de l'assemblée générale du 28 mai 1960. Elle avait pour objet d'exploiter la concession Ferdinand à TRESSANGE ; il s'agissait d'un siège entièrement neuf. Le premier skip de minerai chargé a été extrait le 8 aôut 1961.
En 1972 changement de statut juridique. Dans le cadre d'une redistribution des concessions minières entre les sociétés d'exploitation, la sociétéDE WENDEL cédait à ARBED la totalité de ses parts. Elle endossait son 2ème patronyme de "MINE FERDINAND", la totalité de la production était alors expédiée au Luxembourg (et jusqu'en 1982 une petite partie en Sarre).
Le 19 janvier 1973 il était décidé de fermer la mine voisine de BUREet de transférer son exploitation à ARBED au cours du 2ème semestrer de 1973. La mine FERDINANDreprenait 40 ouvriers et 5 agents de maîtrise du site de BURE.
Fin 1981 un conflit entre la direction et la SNCF sur le coût du transport de minerai, conduisait ARBED à cesser immédiatemment toutes expéditions par chemin de fer, et à engager les investissements spécifiques pour doter la mine FERDINAND de son propre moyen de transport par le fond vers les usines mères du Luxembourg sur 10.7 km de parcours par rame de 12 wagons de 25 tonnes. Ces travaux ont duré 12 mois. L'arrêt des installations par le jour avait entrainé l'abandon de plusieurs installations : les 2 concasseurs situés au bas du puits, l'emploi des skips pour l'extraction du minerai, ceux ci étant conservés pour le transfert du personnel au fonds, les accumulateurs du jour avec leurs installations de triage et de criblage, l'embranchement ferrovière SNCF.
Extension du champ de production vers le sud, par acquisition des concessions "HERMANN et ELISABETH" appartenant en partie à LORMINES, situées au sud de FERDINAND sous le territoire des communes de BOULANGE et FONTOY et voisines des mines d'ANDERNY et d'HAYANGE. Le 25 février 1987 il était décidé de lancer des travaux miniers prépartoires d'envergure vers ces concessions et le 30 octobre 1988 la première unité de production "U55" était démarrée. Ces concessions devaient prolonger la mine FERDINAND de 15 -20 ans, dont la fin était prévue faute de gisement vers 1994.
Entre 1985 et 1987 elle avait accueillie une partie des 60 mineurs de Lormines dont l'emploi avait été supprimé.
Le 1° janvier 1989, les mines MONTROUGE d'AUDUN le TICHE et FERDINAND de la division des Mines Françaises de l'ARBED ne constituaient qu'un seul et unique établissement dénommé "Mines des TERRES ROUGES", 3ème patronyme qu'elle conservera jusqu'à sa fermeture définitive le 1° décembre 2005, la dernière des mines lorraines et de la France.
L'exploitation de la mine des Terres Rouges et en particulier des concessions situées au sud de son site de production de TRESSANGE était conditionnée par l'obligation d'assurer l'exhaure de l'ensemble du "sous bassin Nord". Restée seule en activité dans ce bassin à partir de mars 1987, elle devait assurer le contrôle et la gestion de 13 salles composées de 42 pompes d'un débit total de 578,05 m3/mn.
Mètres cubes d'eau sortis au jour en moyenne par année : 60.500.000 m3 soit 115 m3/mn ce qui représente 16 tonnes d'eau pour 1 tonne de minerai extraite.
Virtuellement "décédée" le 31 juillet 1997 avec l'arrêt de son exploitation, la mine des Terres Rouges s'employa au démantèlement des installations du fond, à la maintenance des installations de pompage, et à l'extraction des eaux d'exhaure, mobilisant encore 55 mineurs (dont 4 agents de maîtrise), jusqu'à l'arrêt définitif des travaux (abandon de concessions). Sous la pression des populations regroupées en associations, et de leurs élus, et lié au rapport d'une expertise internationale diligentée par les pouvoirs publics les arrêtés pris par le Préfet de Lorraine obligeront par 2 fois ARBED à prolonger le pompage des eaux d'exhaure du bassin Nord, ce qui conduira a reporté sa fermeture définitive avec arrêt du pompage au 30 novembre 2005, l'ennoyage source de bien des inquiétudes débuta alors.
Le 4 mai 2006, les galeries sous TRESSANGE et LUDELANGE seront ennoyées, le 30 décembre 2006 celles de BURE. Le 10 mars 2008 les eaux sortirent à la galerie de KNUTANGE vers la Fensch.
Le personnel : à l'origine et à quelques exceptions près provenait en majeure partie de la mine MONTROUGE et, en part plus faible des mines Kraemer, Burbach, Heydt et de l'usine d'Audun le Tiche. 143 ouvriers à l'origine, ils étaient déjà 244 au 1° mai 1966.
Cités : 67 logements furent construits à proximité du puits pour loger une partie du personnel, soit 40 logements ouvriers, 24 logements ETAM et 3 logements cadres supérieurs.
En février 2006 débutait une opération spectaculaire destinée à supprimer du paysage Tressangeois, la tour d'extraction symbole de l'histoire de cette mine. Les accumulateurs à minerai subirent le même sort. Seuls subsistent le bâtiment des bureaux-bains douches surmonté d'un vaste atelier, l'ensemble a trouvé repreneur récemment.
Le puits a été repris par Fensch Moselle pour une exploitation future des eaux d'ennoyage. Pour l'instant il est équipé d'un système de messure piezométrique.
D.F. (février 2010)